- moy
- Moy, monosyllab. com. gen. Car il est usurpé tant pour l'homme que pour la femme, et sert en tous cas comme indeclinable. Au nominatif: Est-ce moy qui a fait cela? Egon'is sum qui id fecit? Au genitif: L'amour de moy a fait errer plusieurs, Amor mei plures in errorem impulit. Au datif: Donnez moy vostre voix, Da mihi suffragium tuum. Auquel cas le Grec dit {{t=g}}émoi,{{/t}} et {{t=g}}moi,{{/t}} qui semble estre la vraye source du François, Moy. A l'accusatif: Laissez moy deplorer ma misere, Sinite me miseriam meam deplorem. Au vocatif: O moy miserable! bien qu'il puisse estre aussi accusatif, O me infelicem! Et en l'ablatif: Il a tiré de moy mon secret, Arcana consilia mea ex me eduxit. Le semblable est de ce vocable Toy, comme, Je veux toy et luy servir. Je veux avoir cela de toy. Est-ce toy qui a fait cela? Mais à present on use de Me et Te au datif et accusatif, quand on les prepose au verbe qui les regit, comme, Me donnez vous cela? Hoccine mihi das? Je te veux donner un anneau, Tibi annulum dare volo. Tu me accuses par dol, Dolo instructus me reum criminis facis. Je te louë, Te laudo. Il supplée le defaut des cas obliques au singulier de cet anomale Je, qui est aussi pronom de la premiere personne, Car Moy au nominatif ne se trouve, si n'est en respondant au propos d'un autre, comme, Qui a fait cela? Moy. Et, Tu l'as tué, Moy? Là où on ne respondra pas Je, ou bien quand il est precedé d'autre diction, comme, C'est moy qui propose tel fait, où aussi l'on ne dira pas, c'est Je: ains simplement, Je propose cela, où toutesfois, C'est moy, importe plus que Je, Ego ipse, Ille ego qui quondam, etc. Et semblable emphase qu'en ce dire de Nisus au neufiesme de l'Eneide, Meme: adsum qui feci, In me conuertite ferrum. Aucunesfois il est mis par exuberance, comme, Gravez moy cela ainsi, Hoc ita insculpe. Cousez moy cela autrement, Hoc tu diuersa ratione consue. Et en semblables manieres de parler, esquelles ce pronom moy surabonde, si on ne veut dire, que l'energie en est telle, Gravez cela à ma guise, Cousez cela à ma mode, à mon devis, à ma fantasie, ce que je n'approuve pas. Et tout ce que ladite particule moy pourroit apporter en telles phrases, seroit une plus expresse direction et addresse.Moy, Ego, a genitiuo Graeco {{t=g}}émou,{{/t}} et per aphaeresim {{t=g}}mou.{{/t}}Moy moy, Ego ego.Moy qui suis celuy qui estoy, etc. Ego ille agrestis, saeuus.Si c'estoit à moy à faire, Si hoc esset meum, Si ego in istoc siem loco.A fin que je m'esjoüisse tout à part moy sans dire mot, Vt tacitus mecum gaudeam.J'escry moy, mais toy tu lis, Ego quidem scribo, tu vero legis.C'est à moy de le nier, Meum est negare.Ce n'est pas à moy de faire cela, Non sunt meae partes id facere.Il n'est pas en moy, In manu non est mea. B. ex Terent.C'est fait du tout de moy, Pereo funditus.Je ne dy pas que cela vienne du bien de moy, Venia sit dicto.Est-ce moy qui, etc. Egone debacchatus sum in te, an tu in me?C'est moy et non autre, qui les ay ainsi disposé par ordre, Mei sunt ordines, Mea est descriptio.Et moy, Venit hoc mihi in mentem, te esse hominem diuitem, me item esse hominem pauperrimum.Las moy miserable femme que je suis! Me miseram!Pour l'amour de moy, Meapte causa.Il tient pour moy, Stat a me.Cestuy se pourroit-il taire? P. Qui moy? Potin'est huic tacere? P. Egone?Moy-mesme, Idem ego, Egomet.Moy-mesme ainsi, Egomet quoque.De moy-mesme, Per me.J'ay moy-mesme payé l'argent et non autre, Ipse egomet solui argentum.A moy-mesme, Mihimet, Mihimetipsi.A cause de moy-mesme, Meapte causa.A fin qu'en moy-mesme je m'esjouisse, Vt tacita mecum gaudeam.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.